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A vos plumes – Concours 2024

Thème du concours: A partir de l'incipit " Il faut imaginer Jeannot, toujours en bleu de travail, même à la retraite, face à Suzie de l’autre côté du comptoir", poursuivre le récit.


SUZIE

Il faut imaginer Jeannot, toujours en bleu de travail, même à la retraite, face à Suzie de l’autre côté du comptoir. Comme chaque mois, Jeannot accompagne Suzie chez le coiffeur. Depuis qu’il est en retraite ils sont inséparables, deux oiseaux sifflotant à la vie. Ses yeux pétillent d’amour pour sa Suzie, pomponnée, parfumée, le roux caramel en contraste avec le noir de ses pupilles. « Que tu es jolie.» Et Suzie ne le quitte plus.

Il orchestre sa journée, presque comme avant. Debout 6h. Il se dégage délicatement du lit pour ne pas réveiller Suzie, s’assoit en roulant sur le côté, glisse dans ses pantoufles un pied puis l’autre, attrape sur la petite chaise basse ses affaires bien pliées, préparées la veille. Il se lève, s’étire, ferme la porte avec douceur et se dirige à pas feutrés vers la cuisine. Il veille à savourer ce temps de silence, le corps encore adouci par le sommeil, corps qu’il va devoir déplié sans à-coup. Il fait chuchoter la cafetière italienne. Un café fort sans sucre. Jeannot contemple la lumière naissante, le ciel blanchi, la brume comme un voile de mariée sur le tapis de verdure. Il se concentre sur le clapotis de la Romanée, sa rivière. Depuis son enfance, là au fond du jardin, Jeannot la chérit, l’éternelle confidente de ses joies et ses peines. Ce matin, il s’assied sur sa pierre qui depuis s’est fossilisée sur la berge. Il se souvient, clapote ses pieds dans la rivière fidèle. Les perles de rosée dessinent des reflets d’un camaïeu arc en ciel sur les pierres galantes. Les oiseaux sont en plein bavardage. Tout est en ordre.

Il travaille son potager, jusqu’au lever de Suzie, vers 9h. Comme au travail, il se fixe un programme. Aujourd’hui, le ciel est clément. Parfait pour la taille des rosiers, un coup de bêche autour du potager, couper du bois et se débarrasser des limaces.

Quand Suzie pointe son nez, Jeannot prend une pause et c’est aussi l’heure où passe Paulo pour partager une tartine de saindoux, un morceau de jambon, de tomme, un ballon de rouge et un grand café. Paulo, son pote de toujours, avec qui il partage le métier de cantonnier, la passion de la nature, de la pêche et l’engagement dans les affaires de la mairie. Tous deux habités par les valeurs civiques de la république sont responsables de l’aménagement des routes et des espaces verts.

-       Va Jeannot ? Pas de pleuge ce jor. Mes vaiches vont povoir être dehours jusqu’à la neut.

-       Qu’est-ce que tu m’as amené jord’hui ?

-       T’ais mis carouttes, poreaux et deux toumates, pas très moures encour.

-       Merci mon gars.

-       Ah voilà Suzie, tojors aussi fringante. Dis-moi t’ais pas oublié on part à la pêche demain. Je viendrai te prendre à 4h.

-       Oui je dépose Suzie ce soir chez ma sœur Marie, Elle habite à Mairey, pas si loin. Suzie n’aime pas rester seule. Elle va être bien chez Marie et 2 jours c’est vite passé.

-       Ô Mon gars ! même pas deux jors, une neut et une journée. Bon, on se voit tout à l’heure chez Camille. J’te prépare le matériel. Tu vois si manque quelque chose.

-       D’accord.

Six mois déjà que Jeannot a définitivement arrêté de travailler. Chaque jour, vers 11h, il va prendre son troisième café au bistrot, « Au Bourguignon ». Suzie peut l’accompagner maintenant qu’il ne dépend plus de courtes pauses, qu’il est maître de son temps. Au comptoir, il retrouve les anciens, ses collègues et les habitués, Marinette, la femme du maire, l’apprenti boulanger, le facteur et l’infirmière. Ici, pas question de parler patois. Exigence de Camille, le patron. Tout le monde doit pouvoir comprendre. Ça discute, ça rigole, ça s’engueule. On n’est pas d’accord, on s’invective, on s’excuse et pour clore le débat on paie sa tournée. Camille c’est l’Hermès du village. On dépose dans son oreille attentive ce qui se sait mais ne se dit pas. Et dans cette encoche, autour de verres trop remplis, les langues se délient, on sous-entend, on dénonce, on suggère, on est sûr, on l’a vu, on l’a entendu. Et ainsi les nouvelles, certains diront les ragots, la rumeur, d’autres « c’est la vérité » voguent au fil de la vie du village où chacun trouve sa place, parfois la cherche encore. Un petit monde familier, vivace, dérouté par les aléas de la vie.

Jeannot, lui, ne veut pas se laisser chambouler. Alors il préserve ses habitudes, compose ses rituels. La même tenue, le bleu de travail qu’il portait déjà quand il aidait son père. Il conserve ses activités de jardinage sur  son propre terrain. Trois hectares sur deux niveaux, entourés de sapinières. Et au milieu coule la rivière, la Romanée. La maison familiale, tarabiscotée, est bien grande. Auparavant elle abritait ses parents, sa sœur et lui-même. Son père maraîcher cultivait des légumes, des herbes aromatiques et sa mère Lucette des fleurs. Il a grandi les mains dans la terre, les galipettes dans les granges, le foin qui gratte, la cave pour se cacher et le grenier pour cultiver ses chagrins. L’entreprise agricole s’est éteinte avec eux, il y a dix-sept ans. Jeannot a continué à veiller aux routes, aux espaces verts des communes  et a juste gardé une petite parcelle du potager. Suzie est là, auprès de lui, jamais trop éloignée. Quand Jeannot rentrait du travail, six heures au carillon de la grande horloge, elle était toujours là, à l’attendre.  Plutôt taiseux tous les deux. Ils se comprennent d’un clin d’œil, d’une petite tape, ou d’un sourire. La vie change quand on partage tout du matin au soir.

Suzie tourne en rond, trop de monde, trop de brouhaha. Il est temps de rentrer. 

-        On y va  ma douce. On va préparer tes affaires pour chez Marie. Demain je pars à la pêche à la mouche avec Paulo avant le lever du soleil. J’peux pas t‘emmener cette fois. C’est juste cette nuit et demain je viens te chercher en fin de journée. Depuis quelques mois on est un peu bousculés tous les deux mais ça va aller, on va retrouver nos habitudes.

Pendant le trajet, pas un mot.

-  Jour Marie. Ben voilà. Y a toutes ses affaires. Je reviens demain soir la chercher. Elle ne dit plus rien depuis que je lui ai dit que je ne suis pas là jusqu’à demain. C’est sûr elle me fait la tête.

-  T’inquiète pas je m’occupe de tout. Faut que chacun respire un peu sinon ça ne va pas coller entre vous.

-  Je sais mais ça va prendre du temps. Moi non plus je n’aime pas la quitter mais comme tu dis faut qu’on s’habitue. J’y vais. A demain ma belle, ça va passer vite.

Seul dans cette grande maison, Jeannot tourne en rond, se sent désœuvré, ne sait pas quoi faire. Il allume la radio, fait chauffer sa soupe. Après trois lampées, il la trouve fade,  vide son bol dans l’évier. La lumière blafarde de la cuisine l’exaspère. Il grommelle : «Il va falloir s’en occuper de toutes ses ampoules nues et la maison aura bien besoin d’un coup de neuf. » Il y a bien longtemps qu’il n’a pas pris le temps de goûter la fraîcheur du soir, assis sur son fauteuil à bascule. Contempler le rayon lunaire sur ses plantations. Porté par ses pensées, il se dit que ce qui compte  c’est de profiter du temps qui lui a manqué pour réaliser au moins un rêve qu’il a depuis toujours. Voyager, aller voir ce qu’il y a au-delà des frontières de sa région dont il n’est jamais sorti. Il rêve de faire un tour de France avec Suzie, dans sa 4L ou peut-être emprunter à Marie son camping-car. Il s’endort avec cette idée.

 

 4 h sonnant, Paulo toujours très ponctuel. Ils chargent la voiture et en route. Initiés depuis l’enfance par leurs pères, les deux compères reviennent toujours au même endroit, là où ça mord. Là où ils sont sûrs de revenir avec des truites. Au lever du soleil ils ont tout installé : matériel de pêche, abri en cas de pluie et de quoi casser la croûte. Un peu de bavardage avant le silence absolu dévoué à la rivière poissonneuse.

-       Dis-moi Jeannot, pas un peu bizairre la Suzie depuis que t’es toujors à la maison.

-       Ah t’sais ça fait que quelques mois. C’est soûr. Dès que je ne suis pluis dans son champ de vision, elle panique, elle en perd le nourd. Elle va s’habituer, comme moi. Faut du temps. Tout d’un coup on est tojors ensemble. Alours fourcément quand l’un s’éloigne ça fait vide.

 

Ils ont le geste gracieux, l’épaule étirée en arrière, leur fouet élancé vers le ciel dessine une arabesque jusqu’à effleurer l’eau, devenue froissée. Quelques ronds, quelques bulles. Et en fin de journée huit belles petites truites.

 

-       On a fait de belles prises. On remet ça bientôt dis donc.

-       Je vais vouir comment ça s’est passé avec Suzie.

-       Dis t’en fais pas un peu troup ? Qu’est- ce que tui veux qu’y arrive ?

-       T’as raison. Mais c’est ça l’amor. Ça dounne du soci.

-       Vais, à demain

Jeannot se dépêche, impatient de récupérer sa Suzie. Il s’inquiète de plus en plus depuis qu’il n’est plus au travail. Pour un rien. Il sent ce je ne sais quoi dans sa tête. Des questions et encore des questions. « Et si ceci et si cela … ». Heureusement il sait s’occuper. Il entend la voix de son père : « Ne reste pas à ne rien faire, rends- toi utile ». Une voix âpre et ferme. « Tu vois quand tu veux tu peux » et concluant « C’est bien mon garçon ».

Nous y voilà. Mairey, hameau de soixante-deux âmes, à une dizaine de kilomètres de chez Jeannot, sur la route du bistrot de Camille. Marie habite la dernière maison, à l’orée de la forêt. Sa voiture n’est pas là. Machinalement Jeannot sonne avant de s’apercevoir que la porte d’entrée n’est pas crochetée. Ici on ne ferme jamais à clef les maisons dans la journée mais on ferme les portes. Il vérifie sa montre, 17h55. Il a cinq minutes d’avance. Sa sœur sait bien qu’il est toujours à l’heure. Il avait précisé qu’il viendrait chercher Suzie à 18h. Il attend, se dit qu’elles sont parties faire des courses. Mais la porte d’entrée entrouverte le tracasse. Quelque chose cloche. Son inquiétude le rattrape. Il se lève, hésite, refait le tour de la maison. Il inspecte chaque pièce. Les chambres, les lits sont faits; la cuisine, rien ne traîne, tout est en ordre. Il se rassoit, regarde pour la énième fois sa montre. 18h15. Ses mains s’agitent, son cœur s’accélère, ses pieds tapotent le sol. D’un bond le voilà debout. Il ressent le besoin de bouger. Faire un tour dans le jardin pour vérifier le potager. C’est surtout lui qui s’en occupe. Les tomates sont prêtes, parfumées, bien rouges, et pas de limaces. Le temps passe. 18 h 25. Il s’affole, ses craintes l’envahissent. De l’autre côté du chemin, une table et deux bancs l’invitent à contempler la vallée en contrebas et les collines du Morvan. Trop préoccupé pour savourer le paysage, il aperçoit Roland, le voisin.

-       Jour. Dis-moi j’attends Marie, elle savait que je venais pour 18h. T’as une idée ? L’as-tu vu partir ?

-       Jour. J’étais dans ma cuisine, je l’ai vu partir y a bien une heure. Je voulais lui parler mais le temps que je sorte elle était déjà au bout du chemin. Elle avait l’air très pressée.

-        Ah tu ne sais pas où elle est allée ?

-        Ben non. Je n’ai pas eu le temps de causer.

-        Bah ! Je vais faire un tour sur la route, peut-être que je vais les voir arriver.

 

Au moment où il se dirige vers sa voiture, un bruit de moteur l’arrête. Jeannot soupire. «  Ah enfin les voilà. ».

-       Bonjour, ben alors je vous attends, je m’inquiète. Et Suzie …j’la vois pas.

-       Elle s’est barrée. Le temps que je prépare le déjeuner. J’sais pas ce qui s’est passé. J’ai fait le tour du quartier. Rien.

-       J’t’avais dit qu’en ce moment elle est un peu désorientée. Qu'il ne fallait pas la laisser seule. Dès qu’elle ne me voit pas, elle panique. J’aurais peut-être dû l’emmener avec moi.

-       Je ne comprends pas. J’suis désolée. On va la retrouver. Elle ne peut pas être bien loin.

 Je vais faire la route en direction de la maison si ça se trouve elle a cherché à rentrer. Faut la retrouver avant la nuit. Je vais passer prévenir Camille, à cette heure y a du monde au bistrot. Quelqu’un l’aura peut-être vu.

 

Il abat son poing sur son volant, l’agrippe avec force, grommelle quelques jurons, ouvre sa vitre, prend une grande inspiration et tourne la clef. La 4L toussote. Second tour de clef, elle s’ébroue. Il accélère, la pousse jusqu’à l’essoufflement. Obligé de ralentir. A l’affût, il scrute les  abords.  Gendarmerie. Il hésite, ralentis, finalement poursuit sa route.

Il passe devant chez Camille : « J’y passerai  au retour si jamais Suzie n’est pas à la maison. »

 Arrivé chez lui, il ouvre précipitamment sa portière, laisse le moteur tourner, traverse l’allée à pas rapide, monte les marches. La porte est toujours fermée à clef. Quand il s’absente plus d’une journée, il ferme à double tour, une habitude héritée de son père. Pas de Suzie. Essoufflé, il sent son thorax bloqué, prend une grande respiration. « Calme-toi, calme-toi… ». Écho aux paroles de sa mère lors de ses crises d’asthme. Finis l’asthme, là c’est l’angoisse qui monte : « Reprendre la route dans le sens inverse. Direction chez Camille. »

Les quatre kilomètres qui le séparent du bistrot lui semblent bien plus longs que d’habitude et le voilà coincé derrière le tracteur d’où volent des brindilles de foin. « Allez, allez range-toi laisse-moi passer. » Une bonne visibilité, personne en face, doublé, à quelques centaines de mètres du café.

-   Dis Camille, tu sais suis parti pêcher avec Paulo et Suzie était chez ma sœur. Je suis allée la chercher et elle a disparu. Tu ne l’as pas vu dans le coin ? Tu sais ces derniers temps elle est un peu désorientée.

-   Ben non. Attends d’voir. Hé les gars Jeannot a perdu sa Suzie. Y aurait-il quelqu'un qui l’a aperçu ?

-    Moi, j’l’ai vu à côté de chez Paulo, près du lac de Campons et je pensais que t’étais dans le coin, où t’as l’habitude de pêcher.

-  Ben non, avec Paulo on est allé au lac de Ferrières. Elle a bien compris que je suis allée pêcher  mais pas à cet endroit. Mais qu’est-ce qu’elle est allée faire là-bas surtout qu’il y a déjà eu des noyades. L’été dernier. Vous vous souvenez un petit garçon et son chien qu’ont glissé des berges. On l'avait lu dans le journal. Au bord c’est traître, y a un sol de boue caché par les hautes herbes et des trous d’eau, comme des baïnes.  C’est pas loin de chez ma sœur, à moins de deux kilomètres. Bon j’y vais, faut que j’la trouve et vite avant qu’on voit plus rien.

 

Inquiet, de plus en plus angoissé, Jeannot imagine le pire.  Et si elle était tombée dans le lac ou s’était perdue dans la forêt. Il tourne dans sa tête le fait divers de l’an dernier : « Déjà qu’elle est un peu désorientée, elle s’est peut être approchée trop près du bord. Bon y' a du monde  mais ça arrive si vite. Et le lac est profond, même au bord. »

S’il lui est arrivé quelque chose il ne s’en remettra pas. Suzie, c’est son carburant, sa raison d’exister, son remède à la mélancolie, son horizon joyeux.

Il est déjà 19h12  quand il se gare sur le parking. Il reste deux pêcheurs qui plient bagage et une famille installée pour un pique-nique. Il fait le tour à pas rapides. Interroge les 2 pêcheurs, et la famille. Ils n’ont rien vu.

Soucieux, il rentre dans sa voiture, essaie de réfléchir, rassemble ses idées : « Mais qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? Où peut-elle être ? J’vais pas attendre sans rien faire. Quoi faire ? Déjà je vais refaire un tour autour de Mairey en poussant un peu plus loin sur la D432. Ensuite direction chez Camille pour se sentir moins seul et lui demander conseil. Dernier recours, la gendarmerie.»

La petite route autour du lac est bordée d’un sous-bois. Il se gare à l’entrée du chemin balisé qu’il connaît bien. D’un pas soutenu, il le suit jusqu’au lac. La lumière dorée du soir s’infiltre entre les arbres, éclaire les tapis de mousse. Jeannot pousse sa voix, appelle en continu : « Suzie, t’es où ?» L’écho renvoie le doux bruissement du vent dans les feuilles.  Après un dernier coup d’œil panoramique, il s’en retourne, le pas alourdi, les épaules basses, le regard résigné posé au sol. Arrivé à sa voiture, il s’immobilise traversé par l’idée qu’elle est peut être allée chez Paulo qu’elle connait bien et qui habite tout près. D’un geste vif il démarre, reprend espoir : « Mais oui c’est logique elle sait que je vais pêcher avec Paulo, alors elle va chez lui pensant m’y trouver. » En dix minutes le voilà chez Paulo. Mauvais signe, il n’y a pas sa voiture.

 Abattu, avachi sur son siège, la tête dans ses bras lovés sur le volant, il soupire bruyamment pour quelques secondes de répit. Tous ses allers-retours pour rien. “Ressaisis-toi.” Sur une grande inspiration, il redresse le dos, tourne la clef. Direction Camille. La route toute droite est dégagée. Le ciel s’assombrit. Il accélère. Dans une heure il fera nuit…

 

A peine est-il garé que Paulo sort du bistrot :

-  Eh vois, elle est là ta Suzie. Elle est allée faire un tour vers le lac de Campons, derrière chez moi. Je l’ai trouvée au bord, assise, tranquille. Suis passé chez Marie et nous voilà.

-  Ah ma petite boule de poils, tu m’as fait une de ses peurs. Je ne comprends pas j’en viens du lac de Campons. Marceau m’a dit qu’il l’avait vu là-bas et après suis passé chez toi.

-  Ben on s’est loupé de peu.

- T’as la frimousse toute ébouriffée. Tu recommences pas hein. J’ai ameuté tout le village et j’ai même failli alerter les gendarmes. J’sais pas où t’as traînée mais tes boucles abricot sont pleines de terre. T’es toute sale. Demain on retourne chez la toiletteuse pour te refaire une beauté.

-Dites les gars vous avez vu Jeannot et sa Suzie. C’est le grand amour, plus précieuse qu’une femme. Mieux qu’une femme, elle cause pas. Comme ça, pas de reproche. Tu fais tout comme tu veux, rien à négocier.

-  Ah si elle cause. Hein ma choupette. C’est ma tournée. On trinque à ma p’tite Suzie. 

 

  

LN -Juin 2024

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